CGLU se joint à Lampedusa pour appeler à la mémoire et à la dignité et commémorer les vies perdues des migrant·e·s le 3 octobre

En mémoire des vies perdues dans les naufrages en Méditerranée, Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU et Med Aydi Wajdi, adjoint au maire de Sfax et conseiller politique du Conseil politique sur le droit à la ville et les territoires inclusifs, ont rejoint le 3 octobre les parents des victimes et des étudiant·e·s de toute l'Europe à Lampedusa pour appeler à la mémoire et à la dignité comme base pour transformer les règles et faire en sorte que la migration fonctionne pour tou·te·s. Cette année, la commémoration a vu l'inauguration de la «marche de la paix »  par Totò Martello, maire de Lampedusa, et Emilia Saiz. Ce sentier, qui mène au phare de Capo Grecale et à d'autres sites artistiques et sociaux, marque un tournant symbolique vers un effort commun des municipalités pour promouvoir des approches de la mobilité humaine fondées sur les droits humains, dans le cadre du processus de la Charte de Lampedusa.

Le 3 octobre 2013, environ 368 migrant·e·s ont perdu la vie au cours du naufrage d'un bateau les transportant vers l'Europe au large de l'île de Lampedusa, dans le sud de l'Italie. Dès lors, il est  estimé que plus de 15 000 migrant·e·s ont perdu la vie en Méditerranée au cours de leurs voyages migratoires. Chaque année le 3 octobre, les survivant·e·s et leurs familles, ainsi que les organisations de la société civile et les autorités nationales et européennes, se rassemblent sur l'île pour honorer les disparu·e·s et réclamer un cadre renouvelé protégeant tout le monde.

Cette année, tous les acteurs qui plaident pour que le 3 octobre soit la Journée européenne de la mémoire et de l'accueil ont uni leurs forces autour de la campagne «Nous sommes sur  le même bateau». Pendant 3 jours d'activités organisées par le Comitato 3 Ottobre avec de nombreux partenaires locaux en collaboration avec la municipalité de Lampedusa et Linosa, les élèves de différentes écoles d'Europe ont pu approcher l'expérience de celles et ceux qui ont rejoint Lampedusa dans leur voyage vers un avenir meilleur.

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« Au phare de Lampedusa, on pouvait entendre l'écho de " Imagine ". Un moment symbolique pour un avenir meilleur où nous pourrons tou·te·s vivre en paix. » Salvatore Martello, maire de Lampedusa et Linosa 

« Nous ne sommes pas ici pour raconter votre histoire, nous sommes ici pour vivre ce que vous vivez, pour être inspiré·e·s par le pouvoir de cette communauté. Le passage vers la paix nécessite de restaurer la mémoire, la dignité - notre responsabilité collective » Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU

« Ma ville est si loin et si proche de Lampedusa. Aujourd'hui on commence à bâtir un vrai pont de paix entre les deux rives de la Méditerranée » Med Wajdi Aidi, adjoint au maire de Sfax et conseiller politique du Conseil politique sur le droit à la ville.

Emilia Saiz and Tuto Martello Mayor of Lampedusa

L'inauguration de la marche de la paix par le maire de Lampedusa et la secrétaire générale de CGLU a marqué un moment clé, non seulement dans le souvenir des vies perdues des migrant·e·s, mais aussi dans l'imagination d'un avenir meilleur et digne pour tou·te·s et une coexistence pacifique, avec comme fer de lance des approches communautaires de la mobilité humaine et de la diversité. Ces objectifs sont également au cœur du processus de la Charte de Lampedusa de CGLU, qui s'appuie sur l'appel lancé par le maire Salvatore Martello aux membres de CGLU pour qu'ils relèvent collectivement les défis territoriaux liés à la migration et au déplacement. Déjà soutenu de tout cœur par certaines instances statutaires, sections et partenaires de CGLU, le processus de la Charte de Lampedusa, dont l'objectif principal est de sauver des vies de migrant·e·s, incarne la vision de notre collectif qui vise à promouvoir une mobilité humaine digne en tant que droit humain absolu pour tou·te·s.

Le mandaté de la Charte de Lampedusa a été approuvé lors du Conseil mondial de CGLU de Guangzhou en novembre 2020. Après une année de réflexion collective avec le réseau de gouvernements locaux et régionaux et les organisations partenaires, par le biais des plateformes Cities Are Listening et du Bureau exécutif de CGLU, le prochain Conseil mondial de CGLU de novembre 2021, établira l'inclusion de la Charte de Lampedusa dans le cadre d’axe sur les personnes du Pacte pour l'avenir de CGLU.

Suite à l'événement commémoratif de Lampedusa, lors de la Journée mondiale de l'habitat, Lampedusa et CGLU ont réaffirmé la responsabilité prise par l'ensemble du réseau envers le processus de la Charte pour mener la transformation vers une migration urbaine qui fonctionne pour tou·te·s.  Le processus de la Charte reflète l'engagement pris par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le 4 octobre 2021, en faveur d'une action urbaine durable dans l'intérêt de la planète et de tous les peuples. Pour aller de l'avant, les principales conclusions des prochaines consultations régionales menées par les membres et les instances statutaires de CGLU seront intégrées dans la Charte finale, afin de garantir un renouvellement du contrat social mené par les communautés.

Cet ensemble d'activités a été activement soutenu et promu par le projet Snapshots from the Border, mené par 35 partenaires, des autorités locales frontalières et des organisations de la société civile. Snapshots from the Border plaide pour une compréhension critique des interdépendances mondiales entre les flux migratoires vers les frontières européennes et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en relocalisant le discours sur le développement et en promouvant une cohérence politique efficace à tous les niveaux.

En suivant le processus de coopération avec Snapshots, CGLU explore les voies pour renforcer la coopération et le soutien aux gouvernements locaux et aux parties prenantes dans le développement de sa nouvelle vision de la citoyenneté mondiale et des approches de la gouvernance des migrations basées sur les droits humains.