Deux ans de mise en œuvre du Programme d’Action d’Addis Abeba : un bilan mitigé pour les collectivités territoriales

Une délégation de maires a participé au 2ème Forum sur le Suivi du Financement pour le Développement des Nations Unies (FfD Forum) à New York, du 23 au 25 mai 2017. Cette réunion a été l’occasion, pour la Global Taskforce de rappeler aux parties prenantes les engagements du paragraphe 34 de l’Agenda d’action d’Addis-Abeba en faveur des gouvernements locaux et régionaux.

Réunissant le Secrétaire Général des Nations Unies, les directeurs des organisations financières internationales, des ministres et représentants des gouvernements, ainsi que des représentants des autorités locales, de la société civile et du secteur privé, le Forum a débattu le rapport 2017 du groupe de travail inter-agences sur le financement pour le développement (IATF). Malgré les progrès enregistrés, le rapport souligne que, compte tenu d’un contexte mondial peu favorable en 2016, « la trajectoire de croissance actuelle ne permettra pas d’atteindre l'objectif d'éradication de la pauvreté extrême d'ici 2030 ». La finance locale n’est que brièvement mentionnée appelant les gouvernements nationaux à promouvoir et à renforcer la gestion des taxes foncières.

Les maires présents à New York ont participé au premier segment, au débat ministériel, ainsi qu’au deuxième segment, les dialogues des Experts et des Parties Prenantes. CGLU, avec FfDO/ONU-DAES et le Fonds d'équipement des Nations unies (FENU ou UNCDF pour United Nations Capital Development Fund), a aussi organisé une session parallèle sur : « Le financement urbain : un levier pour la mise en œuvre des ODD » [« Urban finances as a game changer for the SDGs »]. Dans leurs interventions, les maires ont lancé un appel pour une plus grande attention au financement des gouvernements infranationaux dans le suivi de l’Agenda d’Action de Addis Abeba.

Mpho Khunou, Maire de Rustenburg et président du groupe de travail de Finance Municipale de l’Association des gouvernements locaux d’Afrique du Sud (SALGA), est intervenu dans la Table Ronde Ministérielle sur « les avancées dans la mise en œuvre de l’Agenda d’Action d’Addis Abeba ». Comme principal discutant, il souligna que « nos municipalités doivent se mobiliser pour une croissance inclusive, pour le bon fonctionnement des infrastructures sociales, la création d’emploi, l’amélioration de la qualité de vie des populations ». Le Maire a mis l’accent sur la nécessité de renforcer et diversifier la fiscalité locale, l’accès aux marchés financières et le partenariat avec le secteur privé pour faire face aux principaux défis que sont la migration vers les villes, l’adaptation au changement climatique et l’investissement dans des infrastructures vertes et durables, ainsi que la nécessité d’intégrer les nouvelles technologies et faciliter leur accès à tous.

Le deuxième jour, Darrell Bradley, Maire de Belize City, est intervenu au nom de la Global Taskforce dans la Table Ronde A sur la mobilisation des ressources publiques domestiques et internationales. S’appuyant sur l’expérience de sa ville et le résultat de l’étude de l’OCDE dans le cadre de l’Observatoire de Finances Locales de CGLU, le Maire a défendu la capacité des villes de capturer la plus-value qui résulte des investissements publics urbains. Au nom de la Global Taskforce, il a aussi souligné l’importance de la lutte collective contre l’évasion fiscale et les flux illicites de capitaux qui ont un impact sur le financement local.

Ce même jour, la délégation a participé à la session parallèle mentionnée plus haut. La session fut ouverte par Alex Trepelkov, Directeur du Bureau du Financement pour le Développement au Département des Affaires Economiques et Sociales (FfD/DESA) qui a présenté la publication réalisée par le FENU et le FfD/DESA, Le financement du développement urbain durable dans les pays moins avancés [Financing Sustainable Urban Development in Least Developed Countries]. Cette publication se nourrie de nombreuses études de cas pour analyser les efforts et les difficultés auxquelles sont confrontées les gouvernements locaux pour améliorer le financement local. Elle souligne la nécessité de renforcer la collaboration entre les différents niveaux de gouvernance et avec la coopération internationale en vue de répondre efficacement aux défis du financement urbain.

Après les interventions du Secrétaire Exécutif Adjoint du FENU et de Nabindra Raj Joshi, Ministre de l’Industrie du Nepal, les Maires de Rustenberg, Beira et Blantyre, ont partagés leurs expériences, en lien avec les conclusions de la publication, sur les systèmes de taxes locales plus efficients afin de soutenir un effort d’investissement pour atteindre les ODD. Philippe Orliange, Directeur de la Stratégie, le partenariat et la communication de l’Agence Française de Développement, a ensuite apporté l’expérience de l’agence, dans le financement  aux collectivités territoriales - direct ou à travers des intermédiaires spécialisés. Enfin, Edgardo Bilsky, au nom du Secrétariat Mondial de CGLU, a rappelé les principales recommandations de l’Observatoire Mondial de Finances Locales. En moyenne, les collectivités territoriales assurent environ 40% de l’effort public d’investissement, mais dans les pays moins avancés leur contribution est limitée à 7%.

Le dernier jour, les Maires de Beira et de Blantyre ont pris part au dialogue des parties prenantes, aux côtés de la société civile organisée et du secteur privé. Wild Ndipo, en tant que Maire de Blantyre et président de l’Association des Gouvernements Locaux du Malawi, a défendu une répartition plus équitable des ressources nationales et un dialogue renforcé avec le gouvernement national pour répondre aux besoins urgents d'investissement, notamment en transports publics et services publics de base. Daviz Simango, Maire de Beira, est revenu sur son expérience de mobilisation de ressources externes de long terme, pour la mise en œuvre du Schéma Directeur de la ville de Beira. Il a souligné l’importance du soutien politique de l’État pour mobiliser les banques nationales de développement et le rôle de l’Aide publique au développement pour garantir l’accès aux crédits des collectivités locales.

Au travers des interventions des maires, la Global Taskforce des gouvernements locaux et régionaux a rappelé les engagements pris lors de la Seconde assemblée mondiales des gouvernements locaux et régionaux. Elle a également proposé que les futurs rapports de l'IATF puissent analyser en profondeur le rôle des banques multilatérales de développement, de la finance climat et de l’Aide Publique au Développement (APD) pour renforcer la localisation du financement et la mise en œuvre des ODD, notamment dans les pays à faible revenu intermédiaire et dans les Pays Moins Développés (PMA). L’accumulation des retards dans le financement du développement urbain durable, ont-ils alerté, risque d’aggraver les coûts futurs des infrastructures essentielles pour assurer la prospérité, améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables et pour répondre au changement climatique.

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