Deuxième dialogue entre la société civile, les gouvernements locaux et les Rapporteurs spéciaux de l'ONU

Deuxième dialogue entre la société civile, les gouvernements locaux et les Rapporteurs spéciaux de l'ONU

Collaboration à échelle internationale et travail à échelle locale pour atteindre une transformation des soins et du système.

 

Suite à une première table ronde réalisée en décembre 2020, la Plateforme mondiale pour le droit à la ville (GPR2C), Habitat International Coalition (HIC) et Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) ont organisé le 3 février un deuxième dialogue avec les Rapporteurs spéciaux (RS), les organisations de la société civile et les gouvernements locaux et régionaux dans le cadre du processus #CitiesAreListening. L'objectif de ces activités est de favoriser les connexions entre les acteurs/actrices et les questions, d'identifier les priorités communes et de faire progresser les efforts de plaidoyer des droits de l'homme. 

Quatre Rapporteurs spéciaux des Nations Unies travaillant sur des questions clés pour la réalisation, la protection et la localisation des droits de l'homme ont participé au deuxième dialogue. Les titulaires de mandat participants ont été les suivants: M. David Boyd, Droits de l'homme et environnement; M. Michael Fahkri, Droit à l'alimentation; M. Olivier de Schutter, Extrême pauvreté et droits de l'homme et Mme Dubravka Šimonović, Violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences. 

Les RS ont partagé leurs priorités essentielles sur les dimensions spatiales et territoriales des droits de l'homme, tout en explorant les interconnexions possibles entre les mandats. La conversation s'est orientée vers l'identification des possibles canaux et espaces de collaboration entre les mandats et avec les organisations de la société civile et les gouvernements locaux et régionaux. Au cours de l'événement, les représentant-e-s des trois structures coorganisatrices ont présenté leurs points de vue en montrant les liens entre leurs programmes et ceux des Rapporteurs, ainsi qu'en identifiant des possibles pistes communes de travail.

 

Le dialogue a mis en évidence les liens évidents entre les quatre mandats, qui sont également profondément alignés sur les priorités des réseaux de la société civile et des collectifs des gouvernements locaux et régionaux. Les Rapporteurs ont souligné la façon dont la pandémie de COVID-19 a intensifié les crises auxquelles ils et elles sont confronté-e-s dans leurs domaines thématiques tels que l'urgence climatique, la crise de l'accès à la nourriture, l'augmentation des niveaux d'extrême pauvreté et des inégalités, et la prolifération des cas de violence contre les femmes dans le monde. Ils et elle ont souligné l'importance de travailler ensemble pour des cadres et des stratégies plus transformateurs. M. Fahkri, par exemple, a fait remarquer que la pandémie actuelle ne doit pas être considérée uniquement comme une crise sanitaire, mais comme une crise des soins nécessitant une réponse coordonnée de mesures et de politiques fondées sur les soins. De même, M. de Schutter a plaidé pour la nécessité de repenser les approches classiques de la réduction et de l'atténuation de la pauvreté –en se basant sur la croissance et la fiscalité comme moyens de redistribution des ressources– afin de s'orienter vers des formes de développement plus inclusives, équitables et écologiquement durables.

Les titulaires de mandat ont également coïncidé sur le potentiel transformateur des droits de l'homme et sur le rôle essentiel du local dans la promotion des politiques et des options pour la réalisation des différents droits de l'homme. Mme Šimonović a noté l'importance de travailler avec les gouvernements locaux et régionaux pour mettre en pratique de façon plus stricte le droit international concernant la violence contre les femmes. M. de Schutter a travaillé avec des gouvernements locaux et des ONG pour développer des initiatives liées à l'économie sociale et solidaire è échelle locale. Pour sa part, M. Fahkhri a souligné le rôle capital des villes en tant qu'espaces de gouvernance et d'activité, les définissant non seulement comme des espaces urbains, mais aussi comme des environnements uniques ayant un impact sur la construction des relations. 

La table ronde a également permis d’identifier des pistes d'action et d'innovation communes. Les titulaires de mandat ont souligné comment les municipalités et les organisations de la société civile à échelle locale ont mené des initiatives ambitieuses en réponse aux défis immédiats soulevés par le COVID-19 et en travaillant à un changement structurel. Citons par exemple les conseils alimentaires locaux lancés au Liban qui relient les espaces urbains et ruraux, ou l'initiative d'un groupe de territoires en France qui s'est engagé à atteindre à long terme un taux de  chômage égal à  zéro. 

À cet égard, les titulaires de mandat ont souligné l'intérêt de collaborer avec des réseaux internationaux travaillant à échelle locale, et de mobiliser des données et des informations relatives au champ local, étant donné que les données et les statistiques sont souvent concentrées à échelle nationale. Mme Šimonović a noté comment la collaboration entre les titulaires de mandat, les organisations de la société civile et les gouvernements locaux et régionaux a été consolidée par la pandémie, ouvrant la voie à un travail conjoint. De même, M. Fahkhri a évoqué la possibilité d'une relation institutionnalisée et régularisée entre les gouvernements locaux, les réseaux de la société civile et les Rapporteurs pour rechercher des solutions post-COVID-19, un point de vue partagé par Rocio Lombera de la Municipalité d'Iztapalapa et par Yolande Hendler, Secrétaire Générale de HIC.

En conclusion, Emilia Saiz, Secrétaire Générale des CGLU, a rappelé le processus d'Habitat III et aussi que la coopération commence par l'établissement de relations et par la confiance. Elle a suggéré que cette collaboration peut être la clé d'un remodelage de la manière dont nous abordons les crises auxquelles nous sommes confronté-e-s et le rôle des droits de l'homme dans ces crises. En ce sens, l’échange de pratiques et d’informations est un premier pas vers une action collective plus consolidée et le développement de stratégies communes pour influencer les processus globaux au sein de l'ONU et au-delà, y compris le développement de nouveaux récits audacieux basés sur le potentiel transformateur des droits de l'homme.