Le leadership des femmes sera fondamental à l’heure de repenser le futur dans l’ère post-COVID-19

Le leadership des femmes sera fondamental à l’heure de repenser le futur dans l’ère post-COVID-19

Photographie de Ryoji Iwata.

 
 

 

La crise du COVID-19 affecte les femmes et les hommes de manière différente. La douzième expérience d’apprentissage en direct a offert l’opportunité aux femmes dirigeantes locales et régionales du monde entier de partager leurs stratégies, préoccupations et expériences clefs, rappelant ainsi le rôle essentiel qu’elles occupent en première ligne de la crise.

La session a permis de souligner plusieurs questions clefs identifiées par des femmes dirigeantes du monde entier. L’augmentation de la violence basée sur le genre en situation de confinement, le rôle des femmes dans le leadership mondial, le besoin d’un nouveau système de gouvernance qui place les femmes comme des actrices essentielles dans la phase de reconstruction, et l’état du monde après le COVID-19, ont figuré parmi les questions essentielles explorées par les participantes.

Les femmes dirigeantes de CGLU se sont accordées sur un appel à l’action intitulé Le leadership des Femmes dans l’ère post COVID-19 dont les principales composantes – Appelant à un futur durable et basé sur l’égalité des genres – ont été présentées au cours de la session.

La session s’est ouverte sur l’introduction d’Åsa Regnér, Directrice Exécutive Adjointe d’ONU Femmes, qui a souligné la situation actuelle des femmes dans le monde. Regnér a en particulier évoqué le fait que même si « les femmes sont recherchées, elles continuent d’être moins payées que les hommes ». Elle a expliqué que la situation était particulièrement mauvaise dans le secteur des soins et de la santé, notamment dans le domaine des soins aux personnes âgées, dans lequel bien souvent de nombreuses femmes ne sont pas du tout rémunérées.

Maimunah Mohd Sharif, Directrice Exécutive d’ONU-Habitat, a exhorté toutes les sphères de gouvernement et parties prenantes du débat à placer les femmes et les filles au centre des efforts du processus de relance. Elle a argumenté que les femmes et les filles sont davantage exposées à la pandémie, notamment parce qu'elles sont les plus touchées par la perte d'emploi. Elle a appelé les dirigeants locaux et régionaux à prendre des mesures pour enrayer cette situation.

« Les femmes doivent être au centre de la prise de décision globale, et doivent avoir une place à la table des discussion. Nous devons prêter une attention particulière aux personnes âgées, ainsi qu’aux femmes et aux filles qui souffrent de handicap, et peuvent être facilement oubliées dans le processus de récupération. »

Thembisile Nkadimeng, Maire de Polokwane et Co-Présidente de CGLU, a fait valoir l’importance pour les femmes de s’auto-organiser dans le but de mieux reconstruire l’après-crise. Elle a appelé les gouvernements nationaux à agir contre les inégalités basées sur le genre, et à améliorer le bien-être grâce à la santé universelle et à la protection sociale. Elle a également appelé au développement de cadres fondés sur l’égalité dans la planification urbaine et la législation, dans le but de garantir la pleine inclusion des femmes et des filles dans le tissu social des villes et des régions.

« Comme cela a été identifié dans le Décalogue de CGLU pour l’ère post COVID-19, nous savons bien que les sacrifices que nous demandons des générations présentes et futures devront mener à des sociétés plus justes et plus égalitaires, au sein desquelles nous prendront soin l’un de l’autre. »

La discussion de haut niveau qui a suivi s’est ouverte sur l’intervention d’Ada Colau, Maire de Barcelone et Envoyée Spéciale de CGLU aux Nations Unies, qui a souligné la manière dont la crise a rendu d'autant plus importante la nécessité de disposer de systèmes de santé publique décents. Elle a expliqué que, dans l’après COVID-19, il sera nécessaire de développer une nouvelle économie qui place les personnes au centre, qui ne spécule pas sur les besoins de base, qui embrasse les fondamentaux des mouvements féministes, pacifiques et environnementaux, et qui autonomise les gouvernements locaux et régionaux pour leur permettre d’offrir des solutions adéquates aux communautés.

Emilia Saiz, Secrétaire Générale de CGLU, a modéré la discussion en ajoutant que dans le futur, il sera fondamental d’autonomiser les femmes et les filles, et en argumentant qu’il sera nécessaire dans l’après-crise pour cela de créer de nouveaux types de partenariat entre les sphères de gouvernement et la société civile, en particulier avec les groupes de femmes. Emilia Saiz a également commenté l’appel à action des femmes élues locales, qui vise à garantir que l’égalité des genres soit au cœur des plans de relance. De surcroît, elle a déclaré qu’il est « essentiel de s’engager sur les agendas mondiaux dans le processus de récupération ; nous ne pouvons pas permettre que les priorités changent et considérer les ODD et le Nouveau Programme pour les Villes comme des accessoires ».

Claudia López, Maire de Bogotá, a mis en exergue que la phase de reconstruction devra répondre à des questions profondes qui se posaient déjà avant l’apparition de l’épidémie. Les valeurs de la solidarité et de l’empathie sont essentielles pour répondre à la pandémie et à celles qui suivront, a-t-elle fait valoir. Pilar Días, Maire d’Esplugues de Llobregat, a également souligné la valeur du travail de la santé et des soins, et des personnes – dont la grande majorité sont des femmes – qui travaillent dans ces domaines. Selon elle, le fait de placer le soin au cœur des politiques est intégral pour une récupération centrée sur les personnes.

La violence basée sur le genre est une thématique qui est ressortie plusieurs fois lors de cette conversation. Souad Abderrahim, Maire de Tunis a souligné la manière dont sa ville travaille en temps réel à la protection et au soutien des femmes qui survivent à la violence, y compris pendant la pandémie. La Maire Adjointe de Quito, Gissela Chalá, a également appelé au développement de stratégies politiques visant à éradiquer la violence basée sur le genre, y compris les violences psychologiques et patrimoniales faites contre les femmes. La récupération, selon elle, ne se fera que si nous nous réinventons depuis une perspective fondées sur le Droit à la Ville.

Carola Gunnarsson, Maire de Sala et Vice-Présidente de CGLU pour l’Europe, a également déclaré que la violence faite contre les femmes et les filles pourrait générer une véritable crise dans les mois à venir, et a invité à considérer l’égalité des genres comme une question de droit humains. Elle a également rappelé que la manière dont la crise affectera en particulier les familles migrantes et réfugiées.

Rohey Malick Lowe, Maire de Banjul, a souligné que l’incorporation d’une planification des villes pensée depuis la perspective de genre, implique de construire pour toutes les femmes, comme l’avait rappelé la déclaration de la Directrice Exécutive d’ONU-Habitat. Elle a déclaré qu’étant donné qu’elles sont les plus affectées par la crise, ce qui leur apporte une perspective plus critique, les femmes devraient être au centre de la prise de décision dans l’après COVID-19. Fatimetou Abdel Malick, Présidente de la Région de Nouakchott, a fait écho à cette déclaration en invitant à avoir une représentation paritaire des femmes dans les processus de prise de décision à tous les niveaux, afin de garantir leur protection et des réponses adéquates à leurs besoins.

Madeleine Almelo-Gazman, Mairw d’Iriga, Trésorière de CGLU, a présenté la crise comme une opportunité de promouvoir l’égalité des genres dans les villes, à la maison et sur les lieux de travail. Elle a ajouté que la seule manière d’outrepasser la pandémie serait de travailler ensemble, et de devenir de meilleurs citoyens en développant un monde durable.

Elvira Dolotkazina, Maire Adjointe de Nizhnekamsk a abordé la manière dont les gouvernements locaux et régionaux peuvent soutenir les besoins des femmes pendant la pandémie, et a présenté plusieurs plans spécifiques mis en œuvre à Nizhnekamsk pendant l’épidémie visant à garantir des politiques d'emploi et de prestation de services non discriminatoires.

Maria Fernanda Espinosa, Présidente de la 73ème Assemblée Générale des Nations Unies a appelé à l’établissement d’une action mondiale coordonnée fondée sur la solidarité et la coopération. Elle  affirmé que la coresponsabilité partagée entre les différentes sphères de gouvernement, un multilatéralisme inclusif qui tiennent compte des gouvernements locaux et une perspective basée sur l’Agenda 2030 nous permettront de développer un nouveau contrat social qui aborde toutes les inégalités.

Gabriela Cuevas, Présidente de l’Union Inter-Parlementaire (IPU), a fait valoir que cela est une clef pour garantir que les accords mondiaux se convertissent en solutions locales. Elle a déclaré que l’impact du leadership des femmes avait été fondamental dans la pandémie, notamment en termes de transparence, de communication directe sur la nécessité de développer des dialogues inter-gouvernementaux, et de capacité de sensibilité dans la considération des différentes communautés.

Paola Pabón, Préfète de la Région de Pichincha s’est centrée sur le besoin de penser les questions de souveraineté et de sécurité alimentaire dans l’après COVID-19, appelant à l’activation de l’éventail d’activités économiques populaires et solidaires existant, et notamment des systèmes de micro-financements pour les femmes, les petits producteurs et l'agriculture. Fatma Şahin, Maire de Gaziantep, a également insisté sur le fait que la sécurité alimentaire serait une question cruciale dans le futur, tout comme la nécessité de garantir des systèmes de soins et de santé pour toutes les populations.

Hajjia Mariam, Présidente du REFELA Ghana, a invité toutes les sphères de gouvernement à prêter davantage attention aux communautés vulnérables, dont notamment les enfants de la rue, avec l’objectif de ne laisser véritable personne pour compte.

Avant de conclure cette session, le groupe s’est adonné à un exercice de Mentimeter visant à explorer ce que devrait viser une coalition d’action de Génération Égalité. Le nuage de mots résultant de l’enquête a mis en exergue trois concepts clefs : la justice, la liberté, et les droits humains.

La conclusion de la session a été assurée par Octavi de la Varga, Secrétaire Général de Metropolis, et Ana Falú, Membre du Conseil d’Experts UBUNTU de CGLU. Le Secrétaire Général de Metropolis a fait valoir qu’il est nécessaire que les dirigeants et élus locaux hommes écoutent davantage les perspectives et les approches des femmes et soutiennent cette transformation. Ana Falú a invité les instances de décision politique à créer de nouvelles relations avec les populations et les institutions. Elle a rappelé que le leadership des femmes au sein des états nationaux et provinciaux, tout comme au sein des gouvernements locaux, est une composante essentielle dans cette perspective, et a suggéré l’établissement d’une feuille de route qui permettrait de penser l’ère post COVID-19 en termes de ce que cela implique et représente pour les femmes, pour ainsi réfléchir à l’articulation de la voie à suivre.

Lors de la clôture, Shipra Narang Suri, Cheffe de la Section pour les Pratiques Urbaines d’ONU-Habitat, a réitéré l’engagement d’ONU-Habitat dans le soutien et la promotion de l’égalité des genres au sein des gouvernements locaux.

Les villes ont été invitées à partager leurs expériences sur la plateforme www.citiesforglobalhealth.org, sur laquelle plus de 400 cas sont déjà disponibles. Les exercices d’apprentissage en direct se poursuivront dans le cours du mois de mai, avec des expériences portant sur l’accessibilité et la provision de services publics.

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