Les gouvernements locaux et régionaux doivent participer aux décisions prises au niveau mondial : les faits marquant d’Habitat III

Le  16 octobre 2016, à la veille de la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), plus de 600 représentants des gouvernements locaux et régionaux se sont rassemblés à Quito pour l'Assemblée mondiale des gouvernements locaux et régionaux. Plus de 45 dirigeants locaux et régionaux se sont exprimés lors de l’Assemblée mondiale. Ils se sont réjouis de voir nombre de leurs recommandations incluses dans le texte de la Déclaration de Quito et ils se sont engagés à contribuer à la réalisation du Nouvel agenda urbain dans leurs villes et leurs territoires.

Dans son allocution à l'Assemblée, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé les origines de CGLU et de l’UNACLA à Habitat II et leur rôle pour mettre en œuvre les agendas mondiaux au niveau local, et pour favoriser l’échange de connaissances entre villes. Il a affirmé qu’Habitat III renforcerait ce partenariat et il encourage les dirigeants locaux et régionaux à continuer à faire entendre leur voix sur la scène mondiale.

Consultez : Les dirigeants locaux appellent à la décentralisation, au financement des villes et à la féminisation de la politique à Habitat III

Pictures Courtesie de Global Cad

L'Assemblée mondiale a représenté l’apogée du travail des gouvernements locaux et régionaux tout au long de la conférence. Le lundi 17 octobre, des dirigeants locaux et régionaux du monde entier ont assisté à la séance plénière d'ouverture de la Conférence Habitat III. Mauricio Rodas, maire de Quito (Equateur), y a rappelé le rôle important joué par les gouvernements locaux au niveau du développement urbain durable, et l'importance de relier le Nouvel agenda urbain aux ODD.

Le rapport de l'Observatoire mondial de CGLU sur la démocratie locale et la décentralisation, GOLD IV : « Co-créer le futur urbain » a également été présenté lundi par des élus locaux, des universitaires et des experts.

Depuis 2008, les rapports GOLD sont devenus des publications importantes et se sont imposés comme une référence mondiale : ils étudient les questions pressantes affectant et influençant les décisions des gouvernements locaux dans le monde entier. GOLD IV aborde les défis auxquels les gouvernements locaux et régionaux sont confrontés au niveau de la mise en œuvre des nouveaux agendas de développement mondiaux, notamment les ODD, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et le Nouvel agenda urbain. La quatrième édition du rapport adopte une approche novatrice partant de la base et examine les défis uniques auxquels font face les régions métropolitaines, les villes intermédiaires et les territoires dans chaque chapitre.

Suite au succès de l'Assemblée mondiale des gouvernements locaux et régionaux, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rencontré les maires et les a remerciés pour leur engagement en faveur du développement durable. Les dirigeants locaux ont félicité le Secrétaire général de l'ONU pour son soutien tout au long de son mandat.

Pour plus d’informations : cliquez pour regarder la vidéo de la réunion

Un peu plus tard dans la journée, CGLU a participé à la Session extraordinaire sur la gouvernance urbaine du programme officiel d’Habitat III et a co-organisé des événements parallèles sur « la réalité multidimensionnelle de la migration dans les villes », avec l’ICMPD et ONU-Habitat, et sur« Les espaces collaboratifs reliant la science, les visualisations et le design pour toute une série de thèmes » avec le CIUS. Les Commissions de CGLU sur les finances locales et la culture ont organisé des séances sur le financement du Nouvel agenda urbain et sur le financement de la culture et de la gouvernance urbaine.

La nouvelle co-présidente de CGLU et maire de Barcelone, Ada Colau, a participé à la première table ronde de haut niveau, intitulée « Ne laisser personne pour compte ». Elle a partagé la stratégie utilisée par Barcelone pour lutter contre les inégalités sociales et géographiques et a souligné que les villes doivent faire entendre leur voix, mais également avoir un pouvoir décisionnel au niveau national et international.

Le mardi18 octobre, un dialogue sur la gouvernance urbaine, le renforcement des capacités et le développement institutionnel s’est tenu, faisant suite au travail de l'Unité politique 4. CGLU, la Taskforce mondiale et le LSE ont coordonné les contributions d’experts en matière de gouvernance urbaine pour le document politique de l’Unité politique Quatre pour Habitat III. Les participants ont souligné les principales recommandations présentées dans le document, notamment la création de cadres de gouvernance multi-niveaux forts, le renforcement des processus de décentralisation, la promotion de politiques urbaines et territoriales nationales intégrées, le renforcement de la gouvernance métropolitaine, la promotion d'une nouvelle culture de la participation et de l'équité, le renforcement des capacités pour la gouvernance urbaine, ainsi que la gouvernance à l'ère du numérique.

Pour plus d’informations, consultez : La nouvelle gouvernance, essentielle au Nouvel agenda urbain

Le même jour, le Salon des gouvernements locaux et régionaux a organisé une session sur le Droit à la ville, organisée par le CISDP. La Commission des finances locales a également co-organisé une session sur « Le financement du Nouvel agenda urbain : un financement métropolitain multi-niveau pour les villes du 21e siècle », en partenariat avec la Brookings Institution.

Patrick Braouezec, président de Plaine Commune et co-président de la Commission CGLU sur l'inclusion sociale, la démocratie participative et les droits de l'homme, a participé à un événement de networking sur les finances municipales, organisé par la Commission des finances locales pour le développement. Il a rappelé le rôle crucial des gouvernements locaux et régionaux quant au bien-être et aux droits des habitants. Il a appelé à une « nouvelle redistribution de la richesse, pour que les gouvernements régionaux et locaux puissent répondre aux besoins des habitants. Il a également déclaré que « les gouvernements locaux doivent rappeler aux gouvernements nationaux et aux organisations internationales leurs responsabilités, celles de garantir les droits des habitants en montrant l'exemple et en les impliquant dans l'élaboration des politiques et dans les activités de sensibilisation.

Le dialogue urbain sur le Droit à la ville a évoqué les principaux aspects du Droit à la ville, à travers deux groupes de débat. Le premier était constitué de membres de la Plate-forme mondiale pour le Droit à la ville (Augusto Barrera, Alison Brown, Ana Falu, Nelson Saule), ainsi que Rosario Robles, secrétaire au développement urbain de Mexico et Champion du Droit à la ville tout au long du processus d’Habitat III. Le deuxième groupe comprenait des participants en provenance d'horizons divers, qui représentaient les gouvernements locaux en faveur du Droit à la ville (Patrick Braouezec), la Banque de développement d’Amérique latine (José Carrera), les gouvernements du Canada, ainsi qu'un architecte très impliqué dans les questions de logements sociaux.

De nombreux messages importants ont été évoqués, face à une salle bien remplie : la nécessité de renforcer les capacités publiques afin de faire du Droit à la ville une réalité ; le défi de poursuivre l'expansion et l'articulation du mouvement mondial pour le droit à la ville, afin de créer une masse critique; la construction d'un récit pour encadrer la mise en œuvre du Nouvel agenda urbain dans la perspective du Droit à la ville ; et enfin, accorder une grande importance à l’égalité des sexes qui devra être incluse (étant donné que la façon dont les femmes vivent la ville est toujours différente de celle des hommes ).

D'autres thèmes ont été abordés, tels que les travailleurs urbains informels, qui contribuent pour une grande part aux économies locales et mondiales alors qu'ils souffrent de privation de droits, et la nécessité d’avoir des politiques de logement social fortes, afin de garantir un logement abordable pour tous, en tant que Droit humain. Enfin, Patrick Braouezec a jugé que la construction de régions métropolitaines solidaires et coopératives était le principal défi de l'avenir urbain.

Le mercredi 19 octobre, CGLU a co-organisé un événement intitulé « Le changement », consacré au logement en tant que droit humain, en collaboration avec le Bureau du Haut-commissariat aux droits de l'homme et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit au logement. Différentes parties prenantes ont pu discuter de l'idée de lancer une campagne mondiale pour que droits humains et logement aillent de pair et assurer le droit au logement dans les agendas internationaux, régionaux et nationaux. Dans une salle animée, des habitants de villes, des organisations sociales, des ONG et des fondations, des défenseurs des droits de l'homme, des représentants de gouvernements locaux et d'États ont été invités par le rapporteur des Nations Unies sur le droit au logement, Leilani Fraha, à faire face au principal défi du droit à la ville, celui de changer de paradigme. Ils ont ensuite pensé ensemble aux objectifs et aux grandes lignes d'action de la Campagne mondiale pour le droit au logement, afin de rassembler leurs idées et d'articuler les différents niveaux (du niveau mondial au niveau local), afin de changer le paradigme mondial du logement, considéré comme un produit.

Mercredi, une cérémonie surprise a également eu lieu dans le Salon de la Taskforce mondiale, afin de célébrer le rôle des femmes, qui ont joué un rôle de premier plan dans le processus de négociation d’Habitat III.

Les participants ont également discuté de la « localisation » de l'agenda 2030 pour Habitat III. La Taskforce mondiale, PNUD-Art et ONU-Habitat ont présenté la plate-forme : www.localizingtheSDGs.com. Elle a récemment été lancée en tant que plate-forme d'échange de connaissances permettant de localiser les ODD au niveau local. Le processus de localisation des ODD montre à quel point la responsabilisation des acteurs locaux est essentielle si l’on veut que le développement durable soit plus réactif et plus adapté aux besoins et aux aspirations locales. Parcs Tau, qui s’exprimait au nom de la GTF, a expliqué qu’il était important de créer des connaissances et de sensibiliser les populations au niveau local afin de concrétiser la mise en œuvre. Il a rappelé la nécessité d'investir dans les activités de plaidoyer pour veiller à ce que le rôle des partenaires au niveau de la mise en œuvre soit apprécié à sa juste valeur, ainsi que la nécessité d’effectuer un suivi du processus de mise en œuvre.

Pour plus d’informations, consultez : la GTF, le PNUD et ONU-Habitat lance une plate-forme sur la localisation des ODD

Un certain nombre de sessions sur l'espace public ont été organisées tout au long de la semaine, avec la participation de villes comme Barcelone et Bogota, et avec la présentation du Cadre stratégique de CGLU pour l'espace public.

Le point culminant de la troisième journée de la Conférence Habitat III était la Table ronde de haut niveau : la Mise en œuvre du Nouvel agenda urbain à tous les niveaux et avec tous les acteurs, avec la participation du nouveau Président de CGLU et du président de l'Association sud-africaine des gouvernements locaux (SALGA), Parks Tau.

Parks Tau a souligné que les gouvernements locaux mettent en œuvre les politiques et sont des experts clés : ils doivent donc être pris en compte et accompagnés lors du processus de mise en œuvre. Parcs Tau a expliqué, au nom de CGLU, qu'il représentait un mouvement des gouvernements locaux et régionaux vieux d’un siècle, qui « ont besoin d'être impliqués dans la prise de décision au niveau mondial ». Dans son discours, Parcs Tau a souligné que « le nouveau type de partenariat avec les gouvernements locaux et régionaux doit être caractérisé par une consultation et une prise de décision inclusives. »

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