Venice 2030, un dialogue multi-acteur pour localiser les financements pour les ODD

Venice 2030, un dialogue multi-acteur pour localiser les financements pour les ODD

Le 16 novembre 2018, des gouvernements locaux, métropolitains et régionaux ainsi que des représentants des gouvernements nationaux, des agences des Nations Unies et des banques de développement se sont réunis à Venise pour identifier les solutions existantes et débattre de la façon de relever le défi du financement de la mise en œuvre des ODD au niveau local.

ONU-Habitat, le FENU, le PNUD et CGLU, ont co-organisé la rencontre Venise City Solutions 2030 _ Financement des ODD au niveau local. L’événement a été accueilli par l'Association italienne du Conseil des Communes et des Régions d'Europe (AICCRE) avec le soutien financier de Platforma et du Comité consultatif des autorités locales des Nations Unies (UNACLA).  L'événement a également bénéficié de la contribution technique du FMDV. Les discussions ont abordé quatre questions principales. Tout d'abord, celle des stratégies nationales en place pour financer la réalisation des ODD au niveau local. Deuxièmement, comment les gouvernements locaux font de l'Agenda 2030 une réalité au niveau local. En troisième lieu, comment mesurer l'impact et suivre les avancées au niveau local à travers, notamment, l'alignement budgétaire et les indicateurs de suivi. Enfin, un quatrième panel s'est penché sur la façon d’encourager le dynamisme des économies locales au bénéfice de l’Agenda 2030.

Dans sa déclaration d'ouverture, Carla Rey, Secrétaire générale de l'AICCRE, a souligné que la diversité des parties prenantes contribue à trouver des solutions co-responsables pour la paix, la justice et des institutions fortes. Frédéric Vallier, Secrétaire Général du CCRE, a souligné que l'intensité des phénomènes climatiques contraint tous les acteurs à apprendre et à échanger des solutions pour transformer nos modèles de développement. Mahmoud Mohieldin, vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l'Agenda 2030, a insisté sur la nécessité d'avoir des politiques et des stratégies novatrices, qui tirent pleinement parti de la dévolution des pouvoirs d'une part et en faisant correspondre les responsabilités avec le financement nécessaire.

Emilia Saíz, Secrétaire Générale de CGLU, a invité tous les participants à s’engager dans une discussion franche sur les défis.

Le Forum politique de haut niveau n'est qu'un ‘concours de beauté’ si nous ne parlons pas de ce qui ne va pas. Au-delà du financement, si 65% des ODD sont liés aux gouvernements locaux, nous devons repenser la manière dont ils peuvent développer des stratégies financières efficaces et construire des partenariats à leur niveau. Le Nouvel Agenda urbain, en particulier, est une étape importante dans la recherche de moyens novateurs d'accélérer la localisation des ODD ", a déclaré Emilia Saiz, Secrétaire Générale de CGLU.

Tout au long de la journée, des représentants des villes d’Amman, Cochabamba, Madrid, Montevideo, Tilarán, ainsi que des associations de collectivités territoriales d'Ouganda, d'Afrique de l'Est, de France, de Belgique, des Pays-Bas et d'Italie ont contribué à la réflexion en présentant les initiatives que les gouvernements locaux mènent activement. Tous ont souligné la nécessité d'innover dans le financement des politiques publiques locales et des projets de développement. La question des données, de la transparence et de la coresponsabilité a été au cœur des discussions. En particulier, les gouvernements locaux ont appelé à améliorer la manière dont les administrations rendent compte aux citoyens et exploitent les connaissances locales des communautés : les citoyens doivent bénéficier des données qu'ils coproduisent et la confiance entre tous les niveaux de gouvernement doit être renforcée.

Les participants ont toutefois alerté que, dans la plupart des régions, y compris en Europe, les associations de collectivités locales sont encore à l’étape de la sensibilisation et du renforcement des capacités locales pour aligner les priorités locales avec les stratégies nationales de développement durable. Tout au long de la journée, les gouvernements locaux ont appelé à la prudence dans la façon dont nous comprenons « l'alignement ». Il a notamment été rappelé que tous les niveaux de gouvernement devraient travailler de manière cohérente et coresponsable. Les banques de développement, en particulier, ont été invitées à adopter une nouvelle perspective pour véritablement s'engager dans un partenariat avec les gouvernements locaux et régionaux sur la base de leurs capacités, des solutions et priorités locales.

Cette journée de discussion a montré clairement que le développement de dialogues multipartites était nécessaire pour poursuivre le débat et avancer dans la réflexion et l’action sur la création d'un nouveau contrat social.

Un ensemble de recommandations a été formulé et sera présenté au prochain Forum politique de haut niveau, en juillet 2019. Signalons parmi les principales recommandations :

  • S'assurer que non seulement le financement est en adéquation avec l’ensemble des responsabilités dévolues à chaque niveau de gouvernement, mais aussi innover dans la manière dont les collectivités locales et régionales sont en mesure de financer leurs efforts quotidiens. À cet égard, les organisations internationales devraient conditionner, en partie, leurs financements à la concrétisation de la décentralisation et à l'appui à la collecte de données fiables et d’indicateurs adaptés au niveau local.
  • Tous les niveaux de gouvernement devraient améliorer leur façon de communiquer et d'impliquer les citoyens dans les processus de développement local. L’enjeu est d’accroître le sens de la responsabilité et la redevabilité des collectivités locales et  renforcer les liens entre les citoyens, leur élus et les administrations locales. En agissant ainsi, les collectivités locales montreraient leur engagement proactif en faveur du développement durable et de la consolidation de partenariats dynamiques avec la société civile.
  • Au-delà de la reconnaissance formelle de la coresponsabilité des gouvernements locaux et régionaux dans la réalisation des objectifs mondiaux, il a été souligné que l’appropriation de ces objectifs est directement liée au fait d'avoir un siège et une voix dans les processus d’élaboration de politique aux niveaux mondial et nationaux. Des mécanismes de coordination pour assurer cohérence et articulation entre l’ensemble des acteurs, sans oublier les Parlements, sont nécessaires.

Au nom du Groupe de travail mondial des autorités locales et régionales, CGLU facilitera la rédaction du troisième rapport de Gouvernements locaux et régionaux vers la a localisation des ODD.